Littérature | Une Vie de Simone Veil
- H-tag
- 21 mars 2018
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Le 30 juin dernier, Simone Veil s’est éteinte à l’âge de 89 ans. En 2007, convaincue par le patron des Editions Stock, elle avait écrit son autobiographie. Simone a connu une enfance heureuse avant d’être déportée à Auschwitz. « Lorsque je repense à ces années heureuses de l’avant-guerre, j’éprouve une profonde nostalgie. Ce bonheur est difficile à restituer en mots, parce qu’il était fait d’ambiances calmes, de petits riens, de confidences entre nous, d’éclats de rire partagés, de moments à tout jamais perdus. C’est le parfum envolé de l’enfance, d’autant plus douloureux à évoquer que la suite fut terrible ». Le parcours de cette grande humaniste au destin exceptionnel mérite d’être connu. Son témoignage est un héritage sur l’histoire de la France.

Fin mars 1943, Simone vient de passer son bac et allait fêter la fin des examens lorsqu’elle est arrêtée par la Gestapo. Elle n’a pas le temps de prévenir sa famille. Ainsi, sa mère, une de ses sœurs et son frère sont également arrêtés. Puis, après un passage à Drancy, où son frère est resté pensant pouvoir travailler en France, elle rejoindra Auschwitz.
Elle apprendra beaucoup plus tard que son frère a retrouvé son père à Drancy, puis tous deux ont quitté Drancy pour Kaunas en Lituanie non pas pour y travailler. Il semble qu’ils aient été assassinés à leur arrivée.
À Auschwitz, « grâce » à une chef de camp, qui lui dira « tu es vraiment trop jolie pour mourir ici. Je vais faire quelque chose pour toi, en t’envoyant ailleurs », Simone, sa sœur et sa mère sont transférées dans un commando moins dur que les autres. Sa mère meurt en 1944 d’une maladie. Simone y raconte l’enfer où il n’y aura que « deux mille cinq cents survivants sur soixante-dix-huit mille Juifs français déportés ».
À la fin de la guerre, Simone rentre en France, avec sa sœur et retrouve son autre sœur devenue résistante. Mais après cette expérience, que faire pour revivre ? Elle se souvient des injonctions de sa mère « Il faut étudier pour pouvoir exercer une vraie profession ». Elle intègre Sciences Po où elle y rencontre son mari Antoine Veil. Ils se marient alors que Simone n’a que 19 ans. Leur premier fils est né à la fin de l’année 1947. Suivra Nicolas, treize mois plus tard et Pierre-François en 1954.

Simone va suivre son mari, promis à une grande carrière en politique jusqu’au jour où elle décide de s’inscrire au concours de la magistrature. Simone, magistrate, découvre le milieu carcéral français et passer son temps « à des tournées d’inspection dans les établissements pénitentiaires ». Elle est passionnée par son travail et n’a aucune idée de ce que lui réserve l’avenir.
Un soir Jacques Chirac l’appelle et lui demande de faire partie de son gouvernement. Ainsi, elle accepte d’être Ministre de la Santé. Le 26 novembre 1974, elle prononce à l’Assemblée nationale, un discours sur l’IVG qui marquera l’histoire de la Vème République dont voici un extrait « L’histoire nous montre que les grands débats qui ont divisé un moment les Français apparaissent avec le recul du temps comme une étape nécessaire à la formation d’un nouveau consensus social, qui s’inscrit dans la tradition de tolérance et de mesure de notre pays ». La loi est adoptée.
Après ce fameux passage au gouvernement, Simone Veil obtiendra la présidence du Parlement Européen.
Dix ans après la publication de son autobiographie, la pertinence de son message demeure toujours d’actualité, elle dira « au fond, tout au long de ma vie, j’ai eu la chance de pouvoir m’investir à ouvrir des brèches dans le conformisme ambiant, de mettre en convergence les phénomènes de société et les cadrages juridiques. Depuis longtemps, je rêve d’un Davos consacré aux questions sociales, plus particulièrement à la santé ».
Le 5 juillet dernier, Emmanuel Macron, en accord avec la famille de Simone Veil, a déclaré que cette grande dame du paysage politique français reposerait au Panthéon « avec son époux », afin de témoigner de « l’immense remerciement du peuple français à l’un de ses enfants tant aimés, dont l’exemple, lui, ne nous quittera jamais ».
Une Vie de Simone Veil
Editions Stock
398 pages
22,50 €

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