top of page

Littérature | Petit Pays de Gaël Faye, une pépite !

  • Photo du rédacteur: H-tag
    H-tag
  • 17 mars 2018
  • 3 min de lecture

Petit Pays est le premier roman de Gaël Faye. Récompensé par le prix Goncourt des lycéens en 2016, il est enfin disponible en version poche !


ree

Gabriel a moins d’une dizaine d’années lorsque les prémices du génocide rwandais débutent. Il vit au Burundi, son « petit pays », limitrophe au Rwanda. Il connait une enfance joyeuse, a une correspondante en France à qui il écrit qu’il veut devenir mécanicien. Il cueille les mangues de la voisine avec ses amis pour aller les revendre. Il grandit dans l’insouciance, tout va bien, comme il le dit « au temps du bonheur, si l’on me demandait « Comment ça va ? , je répondais toujours « Ca va ! ». Du tac au tac. Le bonheur, ça t’évite de réfléchir. C’est par la suite que je me suis mis à considérer la question. A soupeser le pour et le contre. A esquiver, à opiner vaguement du chef. D’ailleurs, tout le pays s’y était mis. Les gens ne répondaient plus que par « ça va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé ».


Certaines scènes sont hilarantes, comme lorsqu’il part à la recherche de son vélo volé ou à la chasse aux crocodiles, mais derrière cette insouciance, la tension ne cesse de monter. Gabriel ne comprend pas ce qui se passe. Cependant il entend à la radio ou dans les conversations d’adultes, les mots attentats, coup d’état, guerre… puis ce sont des coups de feu qui le réveillent. La peur l’envahit jusqu’à devenir quotidienne.


Gabriel, avec ses yeux d’enfant, ne veut pas voir ce qu’il se passe, et pourtant il est témoin des pires atrocités : « L’homme était en train d’essayer de se relever quand le gros caillou lui a fracassé la tête. Il s’est écroulé de tout son long sur le bitume. Sa poitrine s’est soulevée trois fois sous sa chemise. Rapidement. Il cherchait de l’air. Et puis plus rien. Les agresseurs sont repartis, aussi tranquillement qu’ils étaient arrivés, et les passants ont repris leur route en évitant le cadavre comme on contourne un cône de signalisation. La ville entière remuait, poursuivait ses activités, ses emplettes, son train-train. »


Le témoignage du jeune garçon est poignant, jusqu’au bout il tentera de garder son innocence et ses rêves de paix, mais il « avait beau espérer, le réel s’obstinait à entraver [ses] rêves. Le monde et sa violence se rapprochaient chaque jour un peu plus ». A tel point qu’il finira par écrire à sa correspondante qu’il ne veut plus être mécanicien parce qu’il « n’y a plus rien à réparer, plus rien à sauver, plus rien à comprendre ».


Gaël Faye force l’admiration parce qu’il retranscrit avec des mots touchants et un certain réalisme cet événement historique et tragique et ne laisse pas le lecteur indemne. Une histoire déchirante où violence et insouciance se côtoient avec brio.


Résumé :

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…


Petit Pays de Gaël Faye

Edition Livre de poche 

220 pages   7,10€

ree


Commentaires


logo-htag-noir.png

L'actualité culturelle sans limite

bottom of page