Littérature | Cabaret Biarritz de José C. Vales, une comédie littéraire réussie.
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- 18 mars 2018
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Véritable succès en Espagne, Cabaret Biarritz a reçu en 2015 le prix Nadal, l’équivalent du Goncourt français.
José C. Vales a parfaitement su mélanger les genres. Cabaret Biarritz est une comédie littéraire sur fond d’enquête criminelle. L’écrivain George Miet mène des entretiens sur les témoins proches ou éloignés de la mort d’une jeune fille.

« Elle était suspendue la tête en bas, nue, accrochée par la cheville à l’un des anneaux dont se servent les pêcheurs pour amarrer les bateaux. Lorsque DuThiers et moi arrivâmes, la marée remontait, et la jeune fille avait déjà à nouveau la tête sous l’eau. Il y avait plusieurs barques de pêcheurs autour, mais personne n’avait voulu toucher au cadavre avant l’arrivée des autorités. Le corps était bleu, presque noir par endroits. Parce que la tempête l’avait violemment cogné contre les rochers », (p.84) dira le gendarme.
Le récit est original puisque chaque chapitre correspond à l’entretien d’un témoin. Du gendarme, au greffier en passant par le journaliste en charge de l’affaire, le lecteur, plongé dans le Biarritz des années folles, découvre tout à tour les différentes versions et progressent pas à pas dans l’enquête.
Mais José C. Vales réussit un véritable tour de force. Chaque personnage, haut en couleur, fait partie d’un tout, d’une société que l’auteur prend plaisir à caricaturer. Un humour satirique qui n’échappera pas au lecteur.
« Monsieur Miet, je me fichais pas mal de ce que pouvaient bien fabriquer M. Villequeau et son ami photographe ; tout comme je me fichais des petites affaires de Mme Chloé et de Martine (si petites affaires il y avait, ce que j’ignore). Ma seule préoccupation était de ne pas faire brûler le beurre dans la poêle ou les concombres au four, de ne pas manquer d’herbes aromatiques pour l’épaule d’agneau ou oublier la vanille dans la crème anglaise. Et je vais vous expliquer pourquoi : parce qu’en ce monde, chacun a ses propres intérêts et ses propres ambitions ; ma vie m’ayant souvent plus intéressée que celle des autres, voilà pourquoi je balaie devant ma porte et me préoccupe de ce qui me concerne » dira la cuisinière.
Les personnages se multiplient au fil des chapitres à tel point que par moment il est difficile de suivre le fil du récit. Certains passages sont un peu longs, notamment lorsque les témoins se mettent à parler de leur vie qui n’a aucun rapport avec l’enquête. D’autres passages sont répétitifs lorsqu’il s’agit d’une même scène décrite par plusieurs témoins différents.
Toutes fois, le rythme des dernières pages est intense à tel point que le lecteur aura envie de découvrir le dénouement de cette macabre histoire.
Résumé :
1938. Georges Miet, un jeune écrivain fougueux, se lance dans l’écriture d’un roman sur un drame survenu à Biarritz près de quinze ans auparavant : le corps d’une jeune libraire retrouvé dans le port avait plongé la ville dans un profond émoi. Il en est sûr, ce roman sera son chef-d’œuvre.
Georges commence alors son enquête dans l’élégante station balnéaire. Il interroge tous les acteurs de la frétillante cité – employés de maison, grands bourgeois, gendarmes, journalistes et bonnes sœurs –, nous faisant pénétrer dans l’alcôve sombre d’une bourgeoise de province, mais aussi dans les cabarets, les bordels de luxe et les restaurants les plus chics.
Cabaret Biarritz de José C. Vales
Editions Denoël
456 pages
20 Euro

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