Littérature | Bakhita de Véronique Olmi, coup de cœur !
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- 16 mars 2018
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Depuis le mois d’août, pour beaucoup, un livre s’impose comme le livre de la rentrée littéraire, il s’agit de Bakhita de Véronique Olmi. Début septembre, il est sélectionné pour le prestigieux Prix Goncourt et le Prix du Roman Fnac. Un livre en passe de devenir un best-seller.

Ce roman est un récit lumineux et puissant d’un destin extraordinaire. Bakhita a réellement existé. Décédée en 1947, elle fut canonisée en l'an 2000 par le pape Jean-Paul II.
Bakhita n’est qu’une enfant lorsqu’elle est enlevée pour être vendue comme esclave. Sa vie bascule à jamais dans l’horreur et l’inhumanité. « Certains esclaves ont été achetés, d’autres sont morts, et la caravane a été suivie tout le long de sa marche par les hyènes et les vautours qui attendaient que les esclaves les nourrissent. Les malades que les gardiens détachaient et qui agonisaient face au ciel. Ceux qui ne respiraient plus et, subitement, tombaient. Ceux qui suppliaient et que les gardiens assommaient d’un coup de bâton puis laissaient là. La piste de la caravane est marquée de squelettes brisés comme des fagots de bois, nettoyés et blancs. Bakhita a fait connaissance avec une mort sans rites ni sépulture, une mort au-delà de la mort, ce ne sont pas des hommes qui meurent, c’est un système qui vit ».
Bakhita ne se rappelle plus de son vrai nom. Son surnom, Bakhita, signifie « la chanceuse ». Par miracle, elle survit à toutes les maltraitances et les tortures de ses maîtres. L’auteur décrit avec force (des scènes qui donnent la nausée tellement elles sont empreintes d’inhumanité) et pudeur (notamment pour les scènes de viol) cette violence que vit Bakhita. Pour autant ce livre ne fait pas l’apologie de l’horreur. Il donne foi en l’humanité, car Bakhita est solaire, elle possède une grandeur d’âme. Elle dira plus tard « si je rencontrais ces négriers qui m'ont enlevée et ceux-là qui m'ont torturée, je m'agenouillerais pour leur baiser les mains, car si cela ne fût pas arrivé je ne serais pas maintenant chrétienne et religieuse ». (source wikipedia).
A quatorze ans, la jeune fille qui est adulte depuis des années, quitte l’Afrique pour l’Italie grâce à Calisto Legnani, un consul italien. Alors que s’ouvre un procès des années plus tard, car l’esclavage n’existe pas en Italie, et qu’elle est enfin libre, elle choisit Dieu. « Bakhita n’entends plus rien. Ni l’amour, ni la haine. Ni l’adieu, ni la sentence, cette phrase qu’elle attend depuis treize ans : « Je déclare libre la Moretta », elle ne l’entend pas ».
Le livre se divise en deux parties : De l’esclavage à la liberté et De la liberté à la sainteté. Le passage de l’ombre à la lumière, de l’inhumanité à l’humanité. La plume envoûtante de Véronique Olmi incarne à merveille ce destin hors du commun et captivera lecteur du début à la fin.
Résumé :
Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion.
Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres.
Bakhita est le roman bouleversant de cette femme exceptionnelle qui fut tour à tour captive, domestique, religieuse et sainte.
Avec une rare puissance d’évocation, Véronique Olmi en restitue le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d’âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance avant qu’elle soit razziée.
Bakhita de Véronique Olmi
Édition Albin Michel
22.90 €
464 pages

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