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Cinéma | Dans les salles en septembre 2018 - MADEMOISELLE DE JONCQUIÈRES

  • Photo du rédacteur: H-tag
    H-tag
  • 3 sept. 2018
  • 3 min de lecture


Mademoiselle de Joncquières est le neuvième long‑métrage d'Emmanuel Mouret. Lorsque son producteur Frédéric Niedermayer a évoqué l’idée d’un film en costumes, le metteur en scène a immédiatement pensé à un récit conté par l’aubergiste dans "Jacques le fataliste", le roman de Diderot, qui est coupé par de nombreuses digressions et parenthèses. Il explique :

"Un récit souvent relu, qui m’avait frappé, beaucoup ému, notamment sa fin. La modernité de cette histoire m’avait semblé saisissante, j’entends par là que ce qui est moderne est ce qui ne vieillit pas et traverse le temps. Les désirs, les sentiments, les élans, les conflits qui traversent les personnages et les questions que soulève le récit me semblent très contemporains. Les questions morales que se pose le 18e siècle sont toujours à l’oeuvre de nos jours. Pendant et après la Régence, la société est clivée comme jamais, comme la nôtre, entre l’amour profane, le goût des plaisirs, et un amour plus sacré. Libertins ou pas, ceux qui ont traversé cette époque sont aussi intérieurement clivés que nous le sommes aujourd’hui."


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Date de sortie 12 septembre 2018 (1h 49min)

De Emmanuel Mouret

Avec Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz

Genres Drame, Romance

Nationalité Français


Le film:

Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère...



Robert Bresson avait déjà adapté (à son temps, en 1945) ce récit de Diderot dans Les Dames du bois de Boulogne. Si l'’existence de ce film intimidait Emmanuel Mouret, il s'est rapidement rendu compte qu'il était intéressé par d’autres aspects du récit, notamment par le personnage de Madame de La Pommeraye qu'il voulait développer. Le réalisateur précise : "C’est pourquoi je me suis non seulement attardé sur les prémisses de l’histoire, mais aussi sur sa fin et son épilogue. Par ailleurs, je souhaitais rester fidèle à Diderot concernant le traitement narratif de Mademoiselle de Joncquières, dont est épris le marquis. Bresson la met très tôt en avant alors que Diderot le fait vers la toute fin : elle est longtemps un personnage en arrière-plan, une silhouette, qui prend subitement une consistance et une profondeur qui éclaire tout le récit. Je voulais essayer de conserver cette « surprise dramatique » à la fois originale et forte en émotion."


Plusieurs facteurs ont poussé Emmanuel Mouret à faire un film d'époque. Le cinéaste raconte : "D’abord, le marquis des Arcis et Madame de La Pommeraye possèdent ce mélange de démesure et de délicate civilité qui fait cette saveur et ce piquant uniques des personnages de cette époque ! Ils savent argumenter et raisonner (pour prouver ou se prouver une chose comme son contraire) si brillamment ! Même si nous parlons toujours beaucoup de nous-mêmes ou de ce que nous ressentons aujourd’hui, c’est quelque chose qui paraîtrait moins « naturel » chez des personnages contemporains que chez des personnages du 18e siècle. Une autre raison est qu’un film en costume est un peu comme un film de science‑fiction. Cette distance avec notre réel peut paradoxalement nous rapprocher plus immédiatement de notre imaginaire et de notre monde intérieur. Ce film s’adresse surtout à notre réalité sentimentale et morale bien plus qu’à notre réalité extérieure."


Pierre-Jean Larroque, qui a travaillé sur plusieurs films d'époque, s'est occupé de concevoir les costumes de Mademoiselle de Joncquières. L’idée était de créer des silhouettes qui se détachent sur le décor. Larroque et Emmanuel Mouret ont ainsi travaillé de concert avec le chef décorateur David Faivre et le directeur de la photographie Laurent Desmet. Le metteur en scène se rappelle : "Nous voulions une image épurée de fioritures, et qui ne sente pas la poussière, le vieux, le temps passé. Nous voulions un temps tout neuf au contraire, des lignes claires. Si la fin du 18ème est la fin de l’ancien régime, c’est une époque pleine de vitalité, d’invention constante, avec le pressentiment qu’un nouveau monde arrive."


Si Mademoiselle de Joncquières peut faire penser aux "Liaisons dangereuses" de par ses personnages nobles, les thématiques de la manipulation, de la cruauté et de l’opposition entre le libertinage et la dévotion, il existe une grande différence entre les deux oeuvres selon Emmanuel Mouret. Le réalisateur explique : "Il n’y a aucun cynisme chez Diderot, les personnages ne sont pas désabusés. Cependant Madame de Merteuil et Madame de La Pommeraye ont indéniablement des points communs. Diderot comme Laclos font des portraits de femmes dont l’intelligence surpasse celle des hommes et ce n’est pas un trait courant dans la littérature d’antan. En outre elles sont toutes les deux des femmes indépendantes car nobles et veuves. Il ne faut pas oublier que les veuves nobles et les riches courtisanes sont les premières femmes qui ne dépendent pas de l’autorité d’un mari."



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