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Cinéma | Dans les salles en janvier 2019 - BORDER



Cette étonnante histoire d’amour entre deux amoureux aux antipodes des stéréotypes glamour est le fruit d’une imagination bluffante. Pourtant, elle ne parvient pas à tirer profit de la thématique vers laquelle elle sous-tend, à savoir l’acceptation de soi et de son identité.



Date de sortie 9 janvier 2019

De Ali Abbasi

Avec Eva Melander, Eero Milonoff, Jörgen Thorsson

Genres Drame, Fantastique

Nationalités Suédois, Danois (1h 41min)


Le film :

Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. C'est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu. Mais quand Vore, un homme d'apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l'épreuve pour la première fois. Tina sait que Vore cache quelque chose, mais n’arrive pas à identifier quoi. Pire encore, elle ressent une étrange attirance pour lui...


Border a obtenu le prix Un certain regard au dernier Festival de Cannes. L'intitulé de la récompense va comme un gant à ce film suédois réalisé par l'iranien d'origine, Ali Abbasi. Ce n'est pas tous les jours que l'on découvre un tel long-métrage, situé entre le conte de fées, le fantastique, la légende nordique et le thriller. Et même comédie romantique par certains côtés.



Border est adapté d'une nouvelle de John Ajvide Lindqvist, l'auteur de Laisse-moi entrer, adapté au cinéma par Tomas Alfredson sous le titre français Morse en 2009. Morse replaçait magistralement le thème du vampire autour des amours d'enfance, des brimades et de la violence scolaire ; Border se situe dans le même univers (la monstruosité dans la belle Suède).


Border surprend car il frappe où on ne l’attend pas. À travers le portrait d’une femme laide, plus ou moins intégrée dans une société qui la rejette insidieusement, le film se mue dans un réalisme-magique, et offre un plaidoyer pour la différence rempli d’humanité. Tina, douanière à l’odorat sur-développé, est un personnage singulier, mais d’une douceur qui la rend immédiatement attachante. Celle qui pensait avoir trouvé la paix dans la société voit son identité remise en question avec la rencontre de Vore, sorte d’alter-égo physique et spirituel.


Le film alterne entre crasse et beauté, et offre des moments de grâce étrange dans une nature quasi-mythologique. Véritable personnage, celle-ci fait la transition entre une liberté extraordinaire et la morosité urbaine. Des corps grossiers se dégage une poésie et une tendresse inattendues. En interrogeant la place des freaks dans notre société, le film questionne frontalement notre humanité, à la fois bienveillante et terriblement cruelle.


Sans que cela soit une vraie surprise, le film va prendre une toute autre tournure à mi-parcours, dès l’instant où Vore va révéler à Tina son secret. Le réalisateur a dès lors recours à un imaginaire fantastique, qu’il exploite avec bien moins de finesse que les éléments introduits jusque-là. La poésie des batifolages champêtres de ce couple anti-glamour se met peu à peu à muer en une farce grand-guignolesque, forcément moins séduisante. Mais dans cette seconde partie le cinéaste se concentre avec intelligence sur les troubles moraux de Tina. D’une part, elle doit apprendre à cultiver, à l’aide de son amant, l’instinct maternel qui vient de naître en elle. Mais surtout, la violence qui se dégage de plus en plus de Vore, et qui semble inhérente à sa nature non humaine, l’oblige à choisir entre l’acceptation d’une telle vie en marge ou un retour à une existence dans les normes de la société. La radicalité ou l’intégration apparaissent alors comme les deux alternatives face à la délicate question de savoir qui l’on est. Le parcours de Tina dépasse alors l’argument surnaturel : il est la parabole d’une interrogation, autant intime que sociétale, bien plus vaste



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